Le «mot». Un petit mot de trois graphèmes seulement, mais qui a une si grande importance. Mais pourquoi le «mot» est-il si important?
Premièrement, le mot est une unité porteuse de sens, contrairement à d’autres unités telles que la syllabe, le phonème ou le graphème. Deuxièmement, lorsque nous parlons, lisons ou écrivons, ce sont des mots qui sont activés dans notre lexique mental (sorte de « boite noire » dans laquelle seraient stockés tous les mots connus par un individu). Troisièmement, c’est en juxtaposant des mots les uns aux autres que nous construisons un message et donc du sens, aussi bien dans un contexte oral qu’écrit.
Le mot à l’oral
Généralement, les enseignants tiennent pour acquis que le concept de «mot» est intégré par les jeunes enfants. Or, il suffit de se placer en contexte de langue seconde pour comprendre qu’il est particulièrement difficile de repérer les mots dans la chaine orale puisqu’il n’y a pas de coupure entre chacun des mots à l’oral. À titre d’exemple, seriez-vous capables d’identifier les mots dans la phrase suivante: «Ogatocomeorato»1? À moins d’avoir des connaissances en portugais, ce que nous tentons de faire est de repérer le début et la fin de chaque mot et d’y associer un sens. Les enseignants en maternelle et au 1er cycle devraient donc sensibiliser les enfants au fait que les mots ont un début et une fin et qu’ils sont porteurs de sens.
Par exemple, l’enseignant peut demander à l’enfant de lui dire quel est le premier ou le dernier mot dans la phrase entendue «Léo aime beaucoup le chocolat». Il pourrait aussi lui demander de compter le nombre de mots dans cette phrase. À l’oral, l’enseignant doit tenir compte de deux caractéristiques propres au français: l’élision (p. ex. [lelefɑ̃] l’éléphant) et la liaison (p. ex. [ɛ̃nelefɑ̃] un éléphant) puisqu’elles complexifient l’identification du début et de la fin des mots. Il peut aussi être demandé aux enfants d’identifier le mot qui vient avant ou après un mot cible, par exemple: «Quel est le mot avant blanche dans la phrase "le père Noël a une barbe blanche"?»
Le mot à l’écrit
En lecture, la question du début et de la fin des mots se pose moins, car il existe des blancs graphiques entre chaque mot, ou des apostrophes dans le cas des élisions. Lorsqu’on écrit, la situation est différente. On doit activer la représentation du mot en mémoire en tenant compte, notamment, du début et de la fin du mot à produire. Si l’enfant a été sensibilisé à ces informations à l’oral, il pourra s’appuyer sur ses connaissances et aura donc plus de chance de produire un éléphant plutôt que un néléphant.
1 O gato come o rato («Le chat mange la souris»).
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