Inférer pour mieux socialiser

19/10/2023 13:00:00

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Plusieurs activités de la vie quotidienne nécessitent de communiquer et de socialiser, telles qu’aller à l’école, travailler, participer à des loisirs, faire des commissions, etc. Pour communiquer et socialiser efficacement, il est notamment indispensable de bien inférer.

Les inférences au quotidien

La plupart des gens ont probablement entendu parler des inférences dans un contexte scolaire et particulièrement en compréhension de textes, c’est-à-dire à partir du langage écrit, mais les inférences sont tout aussi présentes dans le langage oral. En fait, puisque le langage oral précède le langage écrit dans le développement normal, inférer à partir de ce dernier dépend en partie du premier. 

Inférer, c’est utiliser tous les indices disponibles pour bien comprendre un message et tout ce qu’il implique. Dans la plupart des recherches scientifiques, on relève l’idée qu’inférer est un processus volontaire qui utilise en même temps des habiletés cognitives et langagières ainsi que des connaissances précises. Si le processus a été efficace, inférer aide à comprendre le message livré et à produire une réponse qui est adaptée à la situation (Laval, 2016). Ceci en serait en fait le but, particulièrement lorsqu’il est question de socialiser adéquatement. 

Les inférences en contexte social

L’inférence sociale sollicite des habiletés langagières verbales (p. ex., comprendre les mots et les structures de phrases) et non verbales (p. ex., détecter un ton de voix ou interpréter une expression faciale), en plus d’avoir recours aux concepts de la théorie de l’esprit (p. ex., se mettre dans la peau ou la tête des autres) (Fiske et Taylor, 2011; Paunov et coll., 2019). Récemment, des chercheurs ont montré que les zones du cerveau responsables des habiletés langagières et de la théorie de l’esprit interagissent pendant la communication (Duval et coll., 2011; Hauptman et coll., 2023). Cette collaboration guiderait donc la compétence sociale, entre autres à l’aide des inférences sociales, lesquelles permettent:  

  1. d’analyser la prosodie. En effet, selon les intonations dans la voix de la personne à qui on parle, on peut par exemple inférer qu’elle est soit excitée, irritée, triste ou sur le point de faire une confidence. En comprenant l’état émotionnel approximatif de l’autre, on peut mieux réagir;
  2. de détecter et de comprendre l’humour, l’ironie, les jeux de mots, les métaphores, le sarcasme. Ainsi, inférer permet par exemple de rire (ou de ne pas rire) au bon moment et de savoir quand on est la cible ou non d’une insulte (ou, à l’inverse, de ne pas insulter accidentellement quelqu’un);
  3. d’interpréter le non-verbal. On peut par exemple réaliser que quelqu’un n’a pas compris ce qu’on vient de dire, car il a levé un sourcil tout en affichant un regard perdu ou qu’il n’a pas envie ou le temps de nous parler, car il a les bras croisés ou qu’il regarde souvent l’heure;
  4. de prendre en compte le savoir partagé. En effet, selon ce que l’on sait que l’autre connait et ne connait pas à propos d’un sujet, inférer mène à ajuster la qualité et la quantité d’informations à donner pour que l’autre suive bien la conversation. 

Inférer pendant qu’on socialise requiert beaucoup d’énergie, plus particulièrement pour les personnes qui vivent avec un trouble ayant un impact sur les habiletés de communication (p. ex. un trouble de la communication sociale [TCS], un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité [TDA/H], un trouble développemental du langage [TDL] ou un trouble du spectre de l’autisme [TSA]) (Löytömäki et coll., 2022). Afin que cela devienne plus intuitif, il faut automatiser les différents processus dans des contextes variés. Stimuler chaque type d’inférence sociale est une façon de soutenir l’inclusion sociale active et autonome de chacun.   

Références

Duval, C., Piolino, P., Bejanin, A., Laisney, M., Eustache, F. et Desgranges, B. (2011). La théorie de l’esprit: aspects conceptuels, évaluation et effets de l’âge. Revue de neuropsychologie, 3(1), 41-51. https://doi.org/10.1684/nrp.2011.0168

Fiske, S. et Taylor, S. (2011). Exactitude et efficacité des inférences sociales. Dans S. Fiske et S. Taylor (dirs), Cognition sociale: Des neurones à la culture (pp. 229-247). Mardaga. https://doi.org/10.4000/lectures.7179

Hauptman, M., Blank, I. et Fedorenko, E. (2023). Non-literal language processing is jointly supported by the language and Theory of Mind networks: Evidence from a novel meta-analytic fMRI approach. Cortex, 162, 96-114. https://doi.org/10.1101/2022.03.08.481056

Laval, V. (2016). Pragmatique, compréhension et inférences: la question de l’évaluation. Revue de neuropsychologie, (1), 49-53. https://doi.org/10.1684/nrp.2016.0366

Löytömäki, J., Laakso, M. L. et Huttunen, K. (2022). Social-Emotional and Behavioural Difficulties in Children with Neurodevelopmental Disorders: Emotion Perception in Daily Life and in a Formal Assessment Context. Journal of Autism and Developmental Disorders, 1-15. https://doi.org/10.1007/s10803-022-05768-9 

Paunov, A. M., Blank, I. A. et Fedorenko, E. (2019). Functionally distinct language and Theory of Mind networks are synchronized at rest and during language comprehension. Journal of neurophysiology, 121(4), 1244-1265. https://doi.org/10.1152/jn.00619.2018

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