Soutenir les habiletés à faire des inférences : oui, mais lesquelles?

07/09/2023 13:00:00

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Déduire ou prédire à partir d’indices, lire entre les lignes, relier des non-dits, etc. sont toutes des réponses auxquelles on peut aboutir lorsqu’on essaie d’expliquer de façon simple ce qu’est une inférence. À partir d’un ensemble de renseignements disponibles, inférer sert à comprendre tout ce qu’implique un message (Garnham, 1989). Celui-ci peut provenir autant du langage verbal (p. ex., assister à un spectacle d’humour, avoir une conversation, visionner un film) et non verbal (p. ex., observer les expressions faciales ou les mouvements de quelqu’un qui discute) que du langage écrit (p. ex., lire).

Inférer peut être involontaire et naturel, mais d’autres fois complexe et solliciter une bonne mémoire de travail pour y parvenir (Kintsch, 1988). En effet, les informations utiles pour inférer efficacement peuvent être toutes présentes dans une même phrase ou dispersées parmi plusieurs phrases (Karasinski et Weismer, 2010). Il faut donc bien les retenir pour pouvoir les assembler et ensuite inférer. 

On peut classer les inférences selon différents types (Filiatrault-Veilleux et coll., 2016; Giasson et Vandecasteele, 2011; Giguère et coll., 2016):

  1. Les inférences anaphoriques (ou référentielles). Elles permettent de relier un pronom à l’item qu’il remplace. Par exemple, dans « le chien mange un os dans sa niche. Il l’a reçu de son maitre », sa et il réfèrent au chien, tandis que le l’ réfère à l’os.
  2. Les inférences causales. Elles sont entre autres utiles pour comprendre une séquence d’évènements et faire des prédictions sur la suite des choses. Par exemple, dans la phrase « en raison du gros orage, ils ne pouvaient plus aller faire leur piquenique au parc », le problème est qu’ils ne peuvent pas réaliser l’activité prévue à l’extérieur et son évènement déclencheur est le gros orage. Une proposition de solution pourrait aussi être faite grâce à ce même type d’inférence.
  3. Les inférences lexicales. Elles permettent de choisir le bon sens d’un mot lorsqu’il a plusieurs définitions, qu’on ne connait pas le mot ou qu’on ne l’a pas bien entendu. Par exemple, dans « après s’être pris tant de côtes pendant la course, il était épuisé », le mot côtes réfère assurément à des pentes et non à des os.
  4. Les inférences logiques. Grâce à elles, on peut identifier une réponse avec certitude en utilisant les faits évidents. Par exemple, dans « il y avait deux choix de repas, un de poisson et un de poulet, mais la dame était allergique aux produits de la mer », il est clair que la dame demandera le repas de poulet.
  5. Les inférences pragmatiques. Elles permettent d’identifier une action, un agent, un temps, un lieu, etc. en joignant ses propres connaissances aux informations disponibles. Par exemple, dans « finalement, les enfants sont revenus à l’intérieur pour enfiler leurs bottes, tuques et mitaines », l’inférence concerne le temps qui semble plus froid que ce que les enfants pensaient au départ.
  6. Les inférences sociales. Elles servent à interagir socialement de façon appropriée et efficace. Par exemple, dans « en terminant la discussion avec la superviseure, il fronça les sourcils, croisa les bras et retourna rapidement à son bureau d’un pas très lourd », la personne qui retourne à son bureau en exprimant ce non-verbal est surement contrariée; on devrait donc la laisser tranquille un moment avant d’aller l’interpeler ou le faire délicatement en lui demandant ce qui ne va pas. 

Bien connaitre les différents types d’inférences favorise une meilleure intervention quant aux habiletés à inférer, autant de la part des orthophonistes que des orthopédagogues, des enseignants et des parents. En ciblant celles qui sont plus difficiles pour un individu et qui impactent de façon importante son quotidien, la stimulation peut être ajustée et les apprentissages se faire plus spécifiquement.

Références

Filiatrault-Veilleux, P., Desmarais, C., Bouchard, C., Trudeau, N. et Leblond, J. (2016). Conception et qualités psychométriques d’un outil d’évaluation de la compréhension d’inférences en contexte de récit chez des enfants âgés de 3 à 6 ans. Canadian Journal of Speech-Language Pathology & Audiology, 40(2), 149-163.

Garnham, A. (1989). Inference in language understanding: What, when, why and how. Dans R. Dietrich et C. F. Graumann (éds), North-Holland Linguistic Series: Linguistic Variations (Vol. 54, pp. 153-172). Elsevier.

Giasson, J. et Vandecasteele, G. (2011). La lecture: apprentissage et difficultés. De Boeck.

Giguère, M. H., Turcotte, C. et Godbout, M. J. (2016). Une démarche d’accompagnement pour structurer l’enseignement des stratégies de compréhension en lecture. La nouvelle revue de l’adaptation et de la scolarisation, (76), 141-160.

Karasinski, C. et Weismer, S. E. (2010). Comprehension of inferences in discourse processing by adolescents with and without language impairment. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 53(5), 1268-1279.

Kintsch, W. (1988). The role of knowledge in discourse comprehension: a construction-integration model. Psychological review, 95(2), 163-182.

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