Tout le monde ne garde pas uniquement des souvenirs heureux de son apprentissage des mathématiques. En effet, pour certains enfants, cet apprentissage est vraiment un casse-tête. Ils ont alors souvent besoin d’une aide soutenue et particulière pour atteindre les objectifs du programme scolaire. Certains enfants reçoivent même un diagnostic de dyscalculie. Pour les « matheux » qui n’ont pas de difficultés, c’est souvent difficile à comprendre. Poincaré, un mathématicien français, se demandait d’ailleurs : « Comment se fait-il qu'il y ait des gens qui ne comprennent pas les mathématiques »
Alors, la dyscalculie, c’est quoi au juste
La dyscalculie est un trouble spécifique des apprentissages touchant les mathématiques qui affecte les apprentissages scolaires des enfants dès les premières années de scolarité. La prévalence de ce trouble peut aller jusqu'à 10 % selon certaines études, soit autant que la dyslexie. Les difficultés mathématiques relevant de la dyscalculie sont observées dans les tâches :
La dyscalculie interfère donc avec les apprentissages scolaires et peut conduire à la marginalisation et à la stigmatisation des enfants. Lorsqu’elle persiste jusqu’à l’âge adulte, elle nuit à l’insertion sociale et professionnelle des individus, car elle empêche les gens qui en sont atteints d’accomplir facilement les activités de la vie quotidienne faisant appel à des compétences numériques (gérer les heures et les distances, gérer son argent, réaliser des recettes de cuisine, etc.).
L’évaluation et la rééducation de l’enfant dyscalculique sont généralement effectuées par un orthopédagogue, un orthophoniste ou un neuropsychologue. Grâce à leur formation respective, l’orthopédagogue apportera un éclairage pédagogique alors que l’orthophoniste et le neuropsychologue apporteront davantage un éclairage cognitif.
Les hypothèses pour expliquer la dyscalculie
Il existe actuellement deux hypothèses cognitives principales pour expliquer la dyscalculie. La première stipule que la dyscalculie résulterait d’un trouble cognitif général affectant par exemple la mémoire de travail, les capacités visuospatiales, les fonctions exécutives et le langage. Ces difficultés entraineraient des troubles au niveau de l’acquisition des procédures de calcul. Selon la seconde hypothèse, la dyscalculie résulterait plutôt d’un trouble cognitif spécifiquement numérique. Certains parlent alors d’un déficit du sens du nombre, c’est-à-dire ce qui nous permet de déterminer qu’une quantité est plus grande qu’une autre par exemple. Le bébé possède déjà ce qu'on appelle un sens du nombre : il est capable d'appréhender les quantités, par exemple discriminer deux quantités différentes, reconnaitre des quantités, manipuler des petites quantités[1]. C'est à ce niveau, bien avant l'apprentissage des mathématiques à l'école qu'une difficulté apparaitrait. Dans cette même perspective d’un trouble cognitif spécifiquement numérique, d’autres pensent que la dyscalculie serait causée par un déficit d’accès au sens du nombre par le code arabe des nombres (1, 2, 3, 4, 5, etc.), ce qui se manifeste par des difficultés à manipuler les nombres arabes. D’un point de vue scientifique, il n’existe actuellement pas de consensus quant à la définition, la caractérisation et les causes de la dyscalculie développementale.
Mon apport au blogue
Le sujet de la cognition mathématique est passionnant. Il est tellement large. Nous aborderons au fil des mois divers sujets relatifs aux mathématiques. Nous parlerons de sujets théoriques, notamment les modèles du traitement du nombre et de son développement, le lien entre le développement mathématique et les habiletés cognitives générales (langage, mémoire, utilisation des doigts, etc.), les difficultés mathématiques rencontrées par les enfants ayant des troubles du langage, et nous reviendrons plus en détail sur les hypothèses explicatives de la dyscalculie. Nous discuterons aussi de sujets plus cliniques tels que la validité de certains outils d’évaluation et l’efficacité d’interventions, évaluées en recherche, auprès d’enfants sans difficulté d’apprentissage en classe et auprès d’enfants dyscalculiques en rééducation mathématique.
Et vous, de quels sujets souhaiteriez-vous que l’on parle ici?
[1] Les chercheurs utilisent des méthodes de recherche particulières telles que des paradigmes d’habituation, la longueur du regard et l’étude du rythme cardiaque et du rythme de succion pour étudier les processus cognitifs des tout-petits.
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