Le trouble développemental du langage (TDL) : agir maintenant

22/01/2020 13:00:00

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*Le contenu de ce billet est partiellement inspiré de l’article «Le trouble développemental du langage (TDL): mise à jour interdisciplinaire», paru dans la revue Neuropsychologie clinique et appliquée (volume 3, automne 2019).  

Après avoir expliqué la pertinence de faire connaitre le TDL et de le comprendre mieux, nous présentons des pistes d’action pour permettre une meilleure compréhension des besoins des personnes qui vivent avec le TDL et mener à une mobilisation autour de cette problématique:

- Employer un vocabulaire commun à toutes les personnes concernées par le TDL est suggéré pour faire connaitre cette problématique invisible, mais fréquente. Le jeune lui-même, ses parents et ses enseignants sont au cœur de la situation et sont les mieux placés pour en discuter. Si les professionnels clarifient leur discours et diminuent leur jargon technique, il sera plus facile de partager des observations précieuses et de diriger les efforts de tous dans la même direction. Les enseignants ne doivent pas hésiter à communiquer avec les orthophonistes qui ont évalué un enfant ou interviennent auprès d’un élève se trouvant dans leur classe. Ces contacts permettent une compréhension commune du fonctionnement de cet enfant et la mise en place de moyens utiles au quotidien.

- Fournir le soutien nécessaire aux personnes vivant avec un TDL est primordial. Il est utile d’identifier et de mieux comprendre les difficultés et les forces de chaque individu, d’adapter les méthodes d’enseignement en classe, d’offrir les ressources spécialisées qui aideront la personne à développer ses habiletés et à s’approprier des stratégies utiles à son fonctionnement. Par exemple, établir un lien de confiance avec le jeune, bonifier l’enseignement par du matériel visuel, des images et des schémas, souligner des mots-clés et reformuler dans des mots différents, encourager la manipulation et l’expérimentation des notions, modéliser et expliciter le raisonnement (enseigner à cerveau ouvert), décortiquer les démarches en étapes, laisser du temps, forger des routines, préconiser le jumelage d’étudiants tout en définissant clairement les rôles dans les travaux d’équipe sont des façons concrètes de rendre l’enseignement plus favorable aux jeunes qui vivent avec un TDL. 

Des stratégies pertinentes sont détaillées dans un guide accessible en ligne, rédigé par une communauté d’apprentissage de la Commission scolaire des Découvreurs et de la Commission scolaire des Navigateurs (2009). Réfléchi pour privilégier l’inclusion des élèves aux prises avec un TDL au secondaire, son contenu s’adapte très bien aux élèves du primaire. La création, le partage et la diffusion d’outils de ce genre sont essentiels pour favoriser l’autonomie, la qualité de vie et l’atteinte du plein potentiel de la personne ayant un TDL. Il faut permettre à tous d’intervenir rapidement (dès la petite enfance) et à long terme, par exemple par des ajustements en milieu de travail.

- Exiger la concertation des différents acteurs et instances décisionnelles pour mettre à jour et harmoniser les pratiques et les critères d’accès aux services. À titre d’exemple, c’est en 2007 que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec (alors appelé ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, MELS) a actualisé pour la dernière fois son organisation des services éducatifs aux élèves à risque et aux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage. L’allocation budgétaire destinée à «l’élève handicapé par une déficience langagière» (identifié par le code 34) est ainsi basée sur des critères désormais désuets de sévérité des atteintes langagières (MELS, 2007). Dans son récent avis concernant l’organisation du continuum et de la dispensation des services aux enfants âgés de 2 à 9 ans présentant un TDL, l’INESSS a émis cette recommandation: 

Le ministère de la Santé et des Services sociaux devrait, de concert avec le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et le ministère de la Famille, entamer des travaux relatifs à la révision des modes d’allocation des ressources en fonction des besoins de l’enfant et à l’identification des meilleurs prestataires de services, selon les différentes étapes de vie de l’enfant. (Tessier et Valade, 2017, p.37)

En conclusion, plus les gens seront sensibilisés à la fréquence, à la nature et aux répercussions du TDL, plus les personnes concernées pourront travailler de concert pour faire une différence. Des initiatives en ce sens sont prises sur la scène internationale, et motivent à agir localement. Tout le monde a un rôle à jouer, et l’adoption d’un vocabulaire commun peut favoriser le travail d’équipe au quotidien. 

Références

Breault, C., Béliveau, M.-J., Labelle, F., Valade, F. et Trudeau, N. (2019). Le trouble développemental du langage (TDL): mise à jour interdisciplinaire. Neuropsychologie clinique et appliquée, 3, 46-63.

Commission scolaire des Navigateurs et Commission scolaire des Découvreurs. (2009). Intégration des élèves dysphasiques au secondaire.Repéré à www.csdecou.qc.ca/collegedescompagnons/files/2013/01/Integration_des_eleves_dysphasiques_au_secondaire.pdf

Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. (2007). L'organisation des services éducatifs aux élèves à risque et aux élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA). Repéré à http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/dpse/adaptation_serv_compl/19-7065.pdf

Tessier, A. et Valade, S. (2017). Organisation du continuum et de la dispensation des services aux enfants âgés de 2 à 9 ans présentant un trouble développemental du langage (trouble primaire du langage). Repéré à https://www.inesss.qc.ca/nc/publications/publications/publication/organisation-du-continuum-et-de-la-dispensation-des-services-aux-enfants-ages-de-2-a-9-ans-presentan.html 

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