L'intervention éducative en petite enfance

09/10/2019 13:00:00

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Au Québec, il y a un consensus scientifique au sujet de l’importance à accorder à la qualité éducative en petite enfance. Le personnel des services de garde éducatifs a un rôle crucial à jouer auprès des enfants, afin de leur offrir cette qualité éducative qui les aidera à avoir un développement global harmonieux. Une des façons de s’assurer de la qualité éducative est d’appliquer le processus de l’intervention éducative. Dans le présent billet, les étapes de ce processus seront expliquées puis illustrées. Celles-ci se déroulent en boucle. 

Les étapes du processus de l’intervention éducative

Étape 1 – L’observation

La première étape, qui est primordiale, consiste à observer chacun des enfants pour cerner leurs champs d’intérêt, leurs besoins et leur potentiel. L’observation donne donc à l’éducatrice des pistes qui lui permettront de soutenir et de stimuler les enfants de son groupe (Bollig et Schulz, 2011). À cette étape, l’éducatrice utilise un outil d’observation où elle consigne des faits. Elle doit ensuite analyser et interpréter ses observations afin de planifier des expériences appropriées pour optimiser le développement de chacun des enfants.

Étape 2 – La planification et l’organisation

La deuxième étape se déroule avant l’arrivée des enfants et consiste à planifier et à organiser les actions éducatives à partir des observations réalisées précédemment, et qui sont en lien avec un programme éducatif. Les éducatrices doivent ensuite prendre des décisions concernant l’aménagement des lieux, le matériel et les stratégies d’interventions anticipées (Lemay, Cantin, Lemire et Bouchard, 2018). Elles doivent également prévoir les expériences d’apprentissage des enfants en tenant compte de l’apprentissage actif. En effet, lors des activités, l’enfant doit être en mesure de réaliser des choix et d’agir directement sur son environnement (MFA, 2019a). La planification sert donc à guider les interventions des éducatrices. Toutefois, celles-ci doivent demeurer souples afin de suivre les initiatives des enfants lors des activités (Lemay, Cantin, Lemire et Bouchard, 2018).

Étape 3 – L’action éducative

La troisième étape s’appuie sur les préparatifs antérieurs. Ainsi, à cette étape, le travail de l’éducatrice consiste à soutenir l’enfant dans son jeu en ayant à l’esprit ses intentions éducatives. L’approche éducative du jeu guidé est à privilégier puisqu’elle tient compte de la motivation intrinsèque de l’enfant; c’est en effet l’enfant qui est l’acteur principal de son jeu. Selon Lemay et ses collègues, le jeu guidé permet de favoriser un contexte d’apprentissage significatif et augmente la capacité d’apprentissage de l’enfant (2016). À cette étape, l’éducatrice peut suivre les pistes des enfants lors du jeu, tout en respectant ses objectifs à l’égard de chacun d’eux (Lemay, Bigras, et Bouchard, 2016).

Étape 4 – La réflexion-rétroaction

La dernière étape permet de faire un retour sur l’ensemble du processus, la pertinence des observations, et la concordance de la planification et de l’action éducative. La réflexion entraine une amélioration de la qualité éducative. Le personnel éducateur est alors amené à s’interroger sur ses interventions auprès des enfants, ses réactions et son soutien à l’apprentissage (Lemay, Cantin, Lemire et Bouchard, 2018). À partir de ces réflexions, il peut recommencer le processus avec de nouvelles pistes d’observation en tête (Bollig et Schulz, 2011).

Un exemple d’intervention éducative

Rosalie est l’éducatrice d’un groupe de 10 enfants de 4 ans. Pendant la collation, Alex raconte que son chien Roxy est mort, et que sa maman lui a annoncé qu’il aura bientôt un nouveau chiot. Les enfants sont intrigués par l’histoire d’Alex et chacun parle de son expérience avec un animal.

Étape 1 – Au moment des jeux libres, certains enfants entreprennent un jeu symbolique: ils jouent au «chien». Rosalie décide donc d’en profiter pour observer son groupe et constate l’effet de la discussion qui a précédé sur les enfants. Elle prend son cahier de notes et y consigne ce qu’elle voit et entend (Bollig et Schulz, 2011). Comme elle favorise l’apprentissage actif, elle décide de se référer aux expériences clés puisque celles-ci impliquent toujours la participation active de l’enfant avec le matériel et avec les personnes (Hohmann, Weikart, Bourgon et Proulx, 2007).

Étape 2 – À partir de ses observations, Rosalie élabore ses intentions éducatives. Elle décide de créer un environnement plus propice aux jeux de rôle puisqu’elle a noté que les enfants du groupe ont un grand intérêt pour le jeu symbolique et la sphère sociale. Ainsi, elle planifie et organise l’aménagement des lieux et pense à fournir du matériel aux enfants (Lemay, Cantin, Lemire et Bouchard, 2018). Vu leur dernière conversation, elle se dit que leur créativité sera éveillée par des animaux en peluche, des plats afin de les nourrir, et un panier pour leur sieste (MFA, 2019b). Elle envisage tout de suite d’utiliser les peluches pour parler des notions spatiales avec l’enfant de son groupe qui éprouve des difficultés de compréhension du langage.

Étape 3 – À cette étape, Rosalie présente le matériel aux enfants. Son rôle est de demeurer disponible afin de soutenir leurs apprentissages, en gardant en tête ses intentions éducatives et en suivant leurs initiatives. Elle favorise ainsi le jeu guidé (Lemay, Bigras et Bouchard, 2016). Elle propose une peluche de chien à l’enfant qui vient d’avoir un nouveau chiot. Elle fait aussi un jeu de cache-cache avec la peluche pour l’enfant qui présente des difficultés. Elle enrichit le jeu en suggérant aux enfants une visite chez le vétérinaire.

Étape 4 – Au terme de l’activité, Rosalie réfléchit au processus. Elle revient sur ses observations et se questionne : a-t-elle observé chacun des enfants du groupe? Sa planification était-elle assez en lien avec ses observations? Le matériel permettait-il aux enfants de faire des choix? Son accompagnement était-il approprié? Cette étape permet à Rosalie d’évaluer son travail et de s’ajuster. De là, elle peut recommencer le processus de l’intervention éducative.

Références

Bollig, S. et Schulz., M. (2011). The performance of observation. An analytical sketch of the practices of observation in children’s day care centres. Dans (Doing) Ethnography in early childhood education and care. Proceedings of an international colloquium at the University of Luxembourg. Luxembourg: University of Luxembourg.

Hohmann, M., Weikart, D. P., Bourgon, L. et Proulx, M. (2007). Partager le plaisir d’apprendre. Guide d’intervention éducative au préscolaire (2e éd.). Montréal, Québec: Gaëtan Morin Éditeur.

Lemay, L., Cantin, G., Lemire, J. et Bouchard, C. (2018). Conception and validation of the quality of educators’ observation and planning practices scale (QEOPPS). Early Years: An International Research Journal.

Lemay, L., Bigras, N. et Bouchard., C. (2016). Respecting but not sustaining play: early childhood educators’ and home childcare providers’ practices that support children’s play. Early Years: An International Research Journal 36(4), 383-398.

Ministère de la Famille (2019a). Le processus de l’intervention éducative. Dans Accueillir la petite enfance. Programme éducatif pour les services de garde éducatifs à l’enfance (p. 46-61).  Québec: Les Publications du Québec.

Ministère de la Famille (2019b). Le développement global et la créativité. Dans Accueillir la petite enfance. Programme éducatif pour les services de garde éducatifs à l’enfance (p. 92-93). Québec: Les Publications du Québec.

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