La musique est omniprésente dans notre quotidien. Elle permet de nous détendre, de bouger, de nous divertir et aussi d’apprendre?! En effet, à la maison comme à l’école, la musique peut être utilisée de différentes façons pour que les enfants affinent leurs perceptions auditives et développent leur mémoire. D’ailleurs, qui n’a jamais chanté l’alphabet ou rythmé ses tables de multiplication?? Dans ce billet, nous nous intéresserons à deux des éléments-clés de la musique qui enrichissent les apprentissages au préscolaire, à savoir la hauteur et la durée. Quelques idées simples d’activités seront également proposées.
La hauteur
La durée, l’intensité, le timbre et la hauteur constituent les quatre éléments-clés de la musique, aussi nommés «?paramètres musicaux?». La hauteur est définie comme le traitement successif de la hiérarchie des sons. En d’autres termes, elle réfère aux sons graves et aux sons aigus. Dès la période préscolaire, les enfants peuvent catégoriser les sons selon leur hauteur. Ils sont ainsi capables de dire si le mouvement mélodique d’une chanson, par exemple Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do, gratte-moi la puce que j’ai dans l’dos, va du grave vers l’aigu ou l’inverse, ou encore, si une mélodie connue jouée au xylophone par l’enseignante, par exemple Frère Jacques, comporte une fausse note. À la fin de la maternelle, la majorité des enfants parviennent généralement à comparer la hauteur de séquences variant de quatre à six sons consécutifs (Campbell & Scott-Kassner, 2013).
Une activité intéressante et amusante à faire pour travailler la hauteur est celle de la flute à coulisse. Debout, face à l’enseignante, chaque enfant doit tendre ses bras vers l’avant. L’enseignante joue, en soufflant dans l’instrument, des sons ascendants (du grave vers l’aigu) ou descendants (de l’aigu vers le grave). Avec leurs bras, les enfants doivent mimer le mouvement sonore. Le fait que l’enseignante se place face aux élèves offre une aide visuelle à ceux en difficulté, car ils peuvent voir le mouvement de la coulisse. De façon graduelle, lorsque les enfants sont plus habiles, l’enseignante leur demande de lui faire dos et de reproduire les mouvements associés à la musique, sans regarder. La recherche démontre que ce type d’activité est à privilégier à la maternelle, car il favorise la discrimination fine (Hansen, Bernstorf, & Stuber, 2014). D’ailleurs, des études ont établi des corrélations significatives et positives entre l’habileté à traiter la hauteur des sons et la conscience phonémique à la période préscolaire (Bolduc, Montésinos-Gelet, & Boisvert, 2014).
La durée
La durée représente le traitement temporel de la musique, c’est-à-dire la dimension rythmique. Cela renvoie notamment aux sons courts (une croche, par exemple), aux sons longs (une ronde, par exemple), aux séquences sonores qui accélèrent ou qui ralentissent. Si l’on considère leur développement psychomoteur, les enfants du préscolaire ont une préférence pour les mélodies aux tempos modérés et rapides (Campbell & Scott-Kassner, 2013). De plus, on constate qu’à cette période, les enfants deviennent de plus en plus attentifs à la régularité musicale et marquent la pulsation plus précisément (Flohr, 2003). La recherche révèle que les activités rythmiques gagnent à être fréquentes à la maternelle, car elles mèneraient notamment à des progrès rapides en conscience phonologique, particulièrement en ce qui a trait à la segmentation syllabique (Bolduc & Lefebvre, 2012).
L’utilisation de vitamines rythmiques, aussi nommées « percussions corporelles », vient stimuler les habiletés rythmiques des enfants (Bolduc & Rondeau, 2015). Des formules rythmiques peuvent être travaillées à partir de quatre niveaux corporels déterminés : les pieds, les cuisses, les mains et les doigts. Pour vous inspirer, trois séquences sont proposées ci-dessous.
Voici une démarche simple. D’abord, réalisez la formule rythmique que vous aurez choisie en frappant avec les mains. Demandez aux enfants de la reproduire après vous en respectant le geste, le rythme et le tempo. Faites de nouveau la formule rythmique, mais cette fois-ci avec une autre partie du corps (doigts, cuisses ou pieds). Les enfants reprennent de la même façon. Quand les enfants auront bien associé la formule rythmique à chacune des parties du corps, commencez à les combiner (faire deux niveaux corporels, trois et finalement tous). Cette combinaison complique bien entendu l’exercice, mais cela est excellent pour développer la mémoire auditive. Il ne faut jamais répéter la formule rythmique en même temps que les enfants pour bien les entendre et reprendre la vitamine rythmique, au besoin.
En quelques mots
Tous les enfants prennent plaisir à participer à des activités musicales. Celles-ci peuvent avoir des retombées positives et enrichir les apprentissages au préscolaire. En ce sens, il importe de considérer l’impact positif de la musique chez l’enfant et de lui accorder une place significative à la maison comme à l’école.
Références
Bolduc, J., & Rondeau, J. (2015). Rythmons les apprentissages ! Langage et pratiques, 56, 15-22.
Bolduc, J., Montésinos-Gelet, I., & Boisvert, S. (2014). Perceptions musicales et conscience phonologique : recherche auprès d’enfants francophones d’âge préscolaire. Psychologie française, 59(3), 247-255.
Bolduc, J., & Lefebvre, P. (2012). Using Nursery Rhymes to Foster Phonological and Musical Processing Skills in Kindergarteners. Creative Education, 3, 495-502.
Campbell, P., & Scott-Kassner, C. (2013). Music in childhood: From preschool through the elementary grades (4e éd.). Boston, MA: Schrimer.
Flohr, J. W. (2003). The musical lives of young children. Upper Saddle River, NJ: Prentice Hall.
Hansen, D., Bernstorf, E., & Stuber, G. M. (2014). The music and literacy connection (2e éd.). Londres, R.-U.: Rowman & Littlefield.
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