Ce mois-ci, cela fait 20 ans que Passe-Temps collabore avec Nancy Gagné sur la création de certains jeux. Orthopédagogue auprès d'élèves du primaire éprouvant des difficultés scolaires ou présentant un trouble d'apprentissage, Nancy est notamment auteure des jeux de la Collection lecture et inférences. Pour souligner ces 20 ans de collaboration et dans le cadre du lancement de 2 nouveaux jeux de lecture et d'inférences, nous vous proposons de découvrir le processus de création de ces jeux par le biais d’une entrevue avec l’auteure.
1. Comment la collaboration avec les Éditions Passe-Temps a-t-elle commencé?
En fait, dès ma formation en orthopédagogie, j’ai eu un vif intérêt pour la pédagogie par le jeu. J’ai donc, très tôt dans ma carrière, développé mon propre matériel ludique pour mes élèves. Leur intérêt et leurs progrès notables ont renforcé ma motivation à poursuivre dans cette voie. C’est l’envie de partager mon matériel avec les autres intervenantes scolaires qui m’a menée vers l’étape de l’édition. C’est donc avec un peu de nervosité et beaucoup d’espoir que j’ai présenté à Thérèse Daignault (fondatrice des Éditions Passe-Temps) mon tout premier jeu pour l’apprentissage du décodage en lecture: L’As des sons. À ma plus grande joie, ce fut le début d’une longue et belle collaboration qui dure depuis maintenant 20 ans!
2. Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir développer en collaboration avec les Éditions Passe-Temps les jeux de lecture et d’inférences?
C’est en voulant créer des jeux pour développer la compréhension en lecture de mes élèves que m’est venue l’idée des jeux de lecture et d’inférences. Je voulais créer un support qui amènerait les élèves à aller au-delà du décodage pour développer leur raisonnement logique, leur capacité à inférer des informations implicites dans un texte, faire référence à leurs connaissances personnelles et les amener à développer leur vocabulaire. Je tenais également à ce que ces jeux aient un attrait visuel important, ce que Jean-Guy Bégin a su apporter aux jeux grâce à ses superbes illustrations. Je suis vraiment fière de la Collection lecture et inférences qui compte maintenant plus de 30 titres. On y retrouve des jeux pour chaque cycle du primaire, pour le volet secondaire et même quelques jeux en anglais!
3. Comment arrivez-vous à vous renouveler pour créer le contenu des jeux?
Dernièrement, j’ai pris une pause de l’enseignement direct, pour me consacrer davantage à la création de matériel et à mes réseaux sociaux. Mes nombreuses interactions avec les enseignant(e)s, orthopédagogues et orthophonistes sur ces plateformes me stimulent et me poussent à poursuivre mon travail. Leur rétroaction m’est très précieuse, tant pour le volet pédagogique que pour faire naitre l’inspiration qui me mène à trouver de nouveaux thèmes de jeux.
4. Pour ceux qui ne connaissent pas les jeux de lecture et d’inférences, comment contribuent-ils spécifiquement au développement des inférences chez les élèves?
Les jeux de lecture et d’inférences s’inspirent du principe du jeu Qui suis-je? Dans chaque boitier, on retrouve une jolie illustration où sont présentés plusieurs personnages dans une scène qui capte l’intérêt des jeunes. Les élèves doivent lire les indices des fiches de lecture et éliminer les personnages au fur et à mesure de leur lecture afin qu’il n’en reste qu’un seul.
Si, dans les fiches les plus simples, les informations sont plus explicites (par ex.: Mes cheveux sont noirs.), cela change au fur et à mesure de la progression de l’élève. D’une fiche à l’autre et d’un cycle à l’autre, il doit se concentrer davantage afin de retrouver les informations implicites qui demandent de faire de l’inférence (par ex.: Tous les membres de ma famille ont les cheveux de la couleur des plumes d’un corbeau, je ne fais pas exception.). L’élève est donc amené à utiliser ses connaissances personnelles, son vocabulaire et son raisonnement pour faire ses déductions. C’est un véritable travail de détective!
5. Selon vous, qu’est-ce qui plait le plus dans les jeux de lecture et d’inférences?
On me dit souvent que les thèmes proposés et l’aspect rigolo des illustrations plaisent beaucoup aux élèves. Par ailleurs, les règles du jeu simples leur permettent de se mettre en action rapidement pour mener leur petite enquête. Du côté des enseignant(e)s, je crois que c’est la combinaison de l’aspect ludique associé à un développement significatif des habiletés à faire des inférences qui fait en sorte que cette collection connait un aussi grand succès. Les élèves apprennent sans avoir l’impression de travailler. Certains jeux adaptés contiennent même des fiches pour plusieurs niveaux dans un même boitier, ce qui en font des outils précieux pour adapter la tâche en fonction des habiletés spécifiques à chaque élève dans un groupe (différenciation pédagogique) ou lors de suivis individuels.
6. D’où est venue l’idée de faire le jeu Les égoportraits – Mégadéfi et quelle est la particularité de ce jeu par rapport aux autres jeux de la collection?
Si je me souviens bien, c’est l’équipe d’édition chez Passe-Temps qui m’a proposé cette idée de mégadéfi. De mon côté, j’avais reçu des témoignages d’enseignant(e)s du 3e cycle qui me disaient avoir des élèves ayant complété tous les boitiers et espéraient en voir de nouveaux. Offrir un défi à ces jeunes qui, au fil des années, sont devenus des champions pour faire des inférences me paraissait être une excellente idée!
Ce jeu est différent par sa présentation visuelle (planche de jeu plus grande), ainsi que par le nombre de fiches de lecture proposées, la longueur des textes et leur complexité. En effet, on retrouve 40 fiches au total, soit 20 fiches d’indices numérotés et 20 fiches d’indices sous forme de textes continus. Ce jeu devient donc un défi stimulant et amusant pour les jeunes du 3e cycle qui aiment relever des défis.
7. Pouvez-vous partager des moments clés du processus créatif des jeux de lecture et d’inférences, depuis l’idée initiale jusqu’à la concrétisation du jeu Les égoportraits – Mégadéfi?
Lorsque j’ai une idée pour un nouveau thème, je la présente à l’équipe d’édition. Une réponse positive me disant que je peux aller de l’avant est habituellement suivie par une petite danse de la joie de ma part! Plus sérieusement, je communique ensuite avec l’illustrateur (Jean-Guy Bégin) afin de lui décrire en détails l’idée que j’ai en tête. Cela passe parfois par une esquisse de ma part qui, croyez-moi, n’a plus grand chose à voir avec la version finale de l’illustration! À chacun ses talents!
L’image de la scène en main, je peux commencer l’élaboration des fiches de lecture.
Mon plus grand défi dans la création du jeu Les égoportraits – Mégadéfi a été de complexifier les indices afin qu’ils atteignent le niveau de difficulté désiré. Je devais aussi tenter d’être originale, afin d’éviter la redondance, car je tenais à maintenir l’intérêt des jeunes!
Viennent ensuite de nombreuses révisions, afin de s’assurer que tout fonctionne bien. J’ai d’ailleurs ma propre petite équipe à la maison qui refait toutes les fiches et me fait ses premiers commentaires. Puis, l’équipe d’édition passe au peigne fin chacune des fiches, afin de ne rien laisser au hasard! Évidemment, le travail d’édition se poursuit jusqu’à la version finale du jeu et bien au-delà!