Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’intervention à distance ne date pas d’hier. Plusieurs professionnels et établissements ont recours depuis des années à cette forme d’intervention qui offre une certaine flexibilité en matière d’accès aux services. Toutefois, pour que l’intervenant et le bénéficiaire profitent au maximum de l’intervention, il y a diverses considérations à prendre en compte, tant en ce qui a trait à l’intervention qu'à l’évaluation.
Conseils généraux pour l’intervention et l’évaluation
Que ce soit pour une intervention ou une évaluation, pour un service qui s’adresse à un bénéficiaire adulte ou d’âge préscolaire, les considérations suivantes s’appliquent à tous les contextes d’intervention à distance.
Tout dépendant des installations du bénéficiaire, dans la mesure du possible, assurez-vous qu’il peut participer à la rencontre depuis un ordinateur plutôt que via une tablette ou encore un téléphone intelligent. En effet, le fait d’être assis devant un ordinateur encourage une bonne posture.
De plus, si le bénéficiaire du service est jeune, il pourrait être davantage tenté de manipuler le téléphone ou la tablette. Ces appareils offrent d’ailleurs moins de possibilités en matière d’intervention, ne serait-ce que pour écrire (accès à un clavier) ou contrôler l’écran à distance.
La tablette peut toutefois être un bon dépanneur si la famille n’a pas accès à un ordinateur. Il faudra alors vous assurer de tenir compte de ce contexte lors de la préparation de vos rencontres.
Dans certains cas, l’environnement où se déroule la rencontre peut distraire le bénéficiaire. Le fait d’avoir accès à un casque d’écoute ou à des écouteurs lui permettra de se concentrer davantage en réduisant une partie des bruits ambiants.
Il n’est pas nécessaire que le bénéficiaire l’utilise d’emblée, mais il peut être pertinent de lui suggérer d’avoir cet outil à portée de main au besoin.
Les rencontres en vidéoconférence consomment beaucoup plus de données que le simple fait de naviguer sur le web ou même de visionner des vidéos en ligne. Il est donc important de vérifier son forfait Internet pour s’assurer de ne pas le dépasser. Autrement, cela peut couter cher. Il est également conseillé de mentionner au bénéficiaire de faire de même de son côté.
Le bon déroulement d’une séance à distance repose également en grande partie sur l’accès à une bande passante de qualité.
Si cela est possible pour vous, la meilleure façon de limiter le risque que cela « coupe » durant une rencontre est de vous brancher de façon filaire à l’aide d’un câble Ethernet plutôt qu’à travers les ondes wifi.
Lorsque vous préparez votre première rencontre à distance, assurez-vous que le bénéficiaire aura accès à du matériel spécifique (et vous aussi!). N’hésitez pas à lui envoyer un courriel d’informations mentionnant les éléments dont il aura besoin avant la rencontre pour lui permettre de bien se préparer. Cela vous évitera de perdre de précieuses minutes durant la rencontre.
Si vous devez envoyer du matériel au bénéficiaire et qu’il doit l’imprimer, faites-lui parvenir à l’avance pour qu’il ait le temps de bien tout préparer.
Conseils spécifiques pour l’évaluation
En contexte d’évaluation, d’autres considérations s’ajoutent à celles plus générales mentionnées ci-dessus. La préparation d’une évaluation à distance demande de s’adapter, ne serait-ce que parce que la plupart des tests utilisés ne sont pas développés pour une passation via la télépratique. Voici donc des conseils et suggestions supplémentaires pour adapter au mieux vos séances d’évaluation.
Cela est particulièrement pertinent dans le cas où le bénéficiaire est d’âge préscolaire. Le parent peut avoir plusieurs rôles selon ce que vous devez évaluer. Dans ce cas, il est important que cela soit clair pour lui. N’hésitez pas à lui faire parvenir les informations à l’avance pour qu’il comprenne bien ce que vous attendez de lui.
Comme la majorité des tests ne sont ni standardisés ni normés pour une passation à distance, il est important de considérer cette faille dans l’analyse des résultats. Il est pertinent de consigner dans votre rapport les tests administrés à distance et de mentionner alors que les normes s’appliquent à titre indicatif.
Pour certains tests comme ceux élaborés par Pearson, il est indiqué s’il est possible ou non de les administrer à distance.
Pour évaluer une tâche d’écriture, vous pouvez demander au bénéficiaire d’écrire à la main ce que vous lui dictez. Par la suite, le parent ou un autre responsable pourra prendre la copie en photo et vous la faire parvenir par courriel. Cette façon de faire ne permet cependant pas de voir les processus d’écriture pendant que le bénéficiaire réalise la tâche.
Une autre possibilité est de le faire écrire directement à l’ordinateur en partageant votre écran pour voir les processus qu’il utilise durant la tâche. Dans ce cas, assurez-vous d’avoir désactivé la fonction de correction automatique sur votre logiciel de traitement de texte pour éviter les biais de correction.
Enfin, si vous voulez faire lire le bénéficiaire sur papier, il est suggéré d’envoyer à l’avance les documents avec des consignes claires au parent ou au responsable pour éviter les biais (attention également aux droits d’auteur).
Force est de constater que la plupart des interventions en clinique peuvent s’adapter en télépratique. Il importe d’abord d’analyser quelles sont les ressources dont chacun dispose (intervenant et bénéficiaire), puis de relever les contraintes associées aux individus et à leur environnement afin d’adapter la rencontre de façon optimale.
La télépratique ne peut prétendre remplacer l’intervention ou l’évaluation en présentiel, mais elle constitue un excellent complément pour répondre aux besoins de plusieurs bénéficiaires qui n’auraient pas accès aux services d’orthophonie autrement.
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