Pourquoi s’intéresser à l’engagement scolaire?
La motivation et l’engagement des élèves sont au cœur des préoccupations des parents, des enseignants, du personnel scolaire, ainsi que des chercheurs. La raison est simple : les élèves motivés et engagés à l’école tendent à persévérer et à réussir. Afin d’obtenir le fameux diplôme d’études secondaires qui est pratiquement un incontournable pour la vie adulte, motivation et engagement scolaire vont de pair. Pourtant, l’un et l’autre ne sont pas synonymes. La motivation est l’intention et l’énergie à la base de l’action humaine. L’engagement est cette énergie transposée en actions concrètes.
Ainsi, être motivé à l’école ne suffit pas pour assurer la persévérance scolaire. Les élèves doivent être engagés pour apprendre, comprendre, maitriser et réussir les tâches qui leur sont proposées. À l’inverse, les élèves désengagés sont plus à risque d’avoir de mauvais résultats et de décrocher.
L’engagement scolaire se situe à trois niveaux : comportemental (écouter l’enseignant, participer, respecter les consignes), affectif (aimer, être intéressé et être enthousiasmé par les apprentissages) et cognitif (désirer comprendre et réussir les tâches proposées en classe). Conjointement, ces trois dimensions de l’engagement s’interinfluencent pour assurer la persévérance des élèves. En fait, l’engagement scolaire est l’un des meilleurs indicateurs du risque de décrochage des élèves, et ce, très tôt, dès le début de la scolarité.
Comment se développe l’engagement chez la majorité des élèves?
L’engagement scolaire n’est pas fixe. Il tend plutôt à varier au fil du temps en réponse à plusieurs influences. Ainsi, les élèves peuvent présenter des trajectoires d’engagement diverses. La majorité d’entre eux demeurent engagés de manière stable au fil des années. Par contre, pour plusieurs, l’engagement scolaire tend à diminuer légèrement dans le temps, les élèves étant donc plus engagés au primaire qu’au secondaire. De même, les élèves se disent généralement plus engagés en début d’année scolaire qu’en fin d’année. Ces légères diminutions d’engagement observées chez la plupart des élèves ne constituent toutefois pas une menace pour leur persévérance et leur réussite à l’école.
Quand ça ne se passe pas comme prévu…
Certains élèves font face à des défis particuliers et ne suivent pas la même trajectoire d’engagement à l’école que les autres. Plutôt que demeurer stable, leur engagement tend à diminuer, soit de façon précoce – dès le primaire ou au début du secondaire – soit de façon plus tardive – vers la fin du secondaire.
Plusieurs études ont tenté d’identifier les facteurs accentuant le risque que certains élèves s’inscrivent dans des trajectoires de désengagement. On remarque notamment que les enfants de milieux défavorisés et les garçons sont plus à risque. Les problèmes de comportement, particulièrement l’inattention, ainsi que le manque de soutien à la maison, les difficultés relationnelles avec les enseignants et les pairs à l’école, l’anxiété, la dépression, la victimisation par les pairs et l’échec scolaire sont également des facteurs associés à un plus faible engagement. Ces facteurs augmentent le risque de désengagement, mais ne sont pas des fatalités. Autrement dit, ce ne sont pas tous les élèves qui présentent un de ces risques qui seront désengagés. Néanmoins, puisque ces facteurs se mettent en place très tôt dans la scolarité des élèves, il importe d’intervenir le plus rapidement possible pour contrecarrer leurs retombées négatives.
Comment agir auprès des élèves désengagés?
Puisque l’engagement scolaire est malléable, plusieurs interventions sont envisageables. Certaines d’entre elles peuvent être mises en place pour des classes complètes, voire des écoles, alors que d’autres ciblent des élèves en particulier. Dans tous les cas, il est essentiel d’employer des interventions qui correspondent aux besoins des élèves, particulièrement leurs besoins d’appartenance, de compétence et d’autonomie.
Les élèves qui ont un bon sentiment d’appartenance à l’école s’y sentent bien, s’y reconnaissent et ont aussi l’impression de faire partie du groupe. Voici des actions qui amènent les jeunes à se sentir à l’aise dans leur milieu scolaire :
Les élèves qui se sentent compétents à l’école perçoivent qu’ils sont bons, qu’ils sont en mesure d’atteindre les exigences de leur enseignant et que leurs notes sont à la hauteur de leurs attentes. En ce sens, pour favoriser le sentiment de compétence, les enseignants peuvent :
L’autonomie est généralement définie par la capacité à réaliser des choses par soi-même. En matière d’engagement scolaire, les élèves qui se sentent autonomes en classe perçoivent que l’école correspond à ce qui est important pour eux personnellement et qu’ils peuvent y faire des choix en accord avec leurs valeurs et leurs centres d’intérêt. Les interventions suivantes aident les élèves à développer leur sentiment d’autonomie :
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