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Favoriser la création du lien en passant par le jeu

04/09/2025 13:00:00

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Les «Trucs et conseils» partagés sur le blogue Parlons apprentissage des Éditions Passe-Temps sont des billets rédigés par des collaborateurs terrain ou des spécialistes d'un domaine dans le but de partager aux lecteurs et aux pairs différentes façons d'utiliser du matériel pédagogique Passe-Temps. L'objectif n'est pas de présenter «les bonnes façons» d'utiliser le matériel, mais bien de partager des pistes, des retours d'expérience et des conseils dans l'utilisation du matériel dans différents contextes.

Dans cet article, Stéphanie Gagnon partage ses trucs et conseils pour créer un climat détendu et ludique et ainsi favoriser la création du lien avec les enfants qu'elle reçoit dans son cabinet. Pour ce faire, elle aime passer par le jeu en utilisant notamment La montagne de la confiance et #Distavie junior.

Établir un premier contact avec un enfant qui ne nous connait pas ou peu, ce n’est pas toujours évident. C’est normal: qui a envie de s’ouvrir à un étranger? Il faut d’abord se sentir en confiance. Quand on est un enfant, un autre obstacle s’ajoute. Il s’agit de la capacité à verbaliser ce qui se passe à l’intérieur de lui. Son cerveau étant immature, il est normal qu’il soit difficile pour l’enfant de reconnaitre et de mettre des mots sur ses émotions. Rencontrer un intervenant, ça peut donc rapidement devenir intimidant pour lui.

Pour pallier ce sentiment d’inconfort que je veux éviter à tout prix à l’enfant, j’aime passer par le jeu pour faire mes rencontres, ce qui aide à créer un climat détendu et ludique. De cette façon, on rejoint l’enfant dans son stade de développement. C’est ainsi qu’il apprivoise, connecte, apprend et comprend. Quand je joue avec un enfant, je lui offre un contexte naturel et sécurisant pour le laisser être lui-même en ma présence.

Avec un enfant au premier ou au deuxième cycle, j’aime utiliser La montagne de la confiance. L’objectif est d’avancer dans la montagne en répondant à des questions et d’être le premier à se rendre en haut pour aller sauver Kili, le personnage du jeu. J’adapte le jeu en ciblant parfois à l’avance certaines questions qui m’intéressent davantage et j’explique à l’enfant que nous répondrons tous les deux aux questions. Même si l’enfant doit répondre à des questions qui font appel à ses affects, le fait que le but du jeu soit centré sur une mission détourne l’attention et rend le tout moins inconfortable. De plus, en répondant moi aussi aux questions, même quand ce n’est pas mon tour, je me place dans une position égale à l’enfant, ce qui le rend aussi plus à l’aise. Quand l’enfant me donne une réponse intéressante, mais peu élaborée, j’aime lui poser des questions comme: «Qu’est-ce que tu veux dire quand tu me dis ça?»; «Dis-m’en plus sur ce que tu viens de me dire.» Ainsi, je ne lui mets pas de mots dans la bouche, je ne dirige pas la discussion en fonction de ma perception et je m’assure de bien comprendre ce qu’il a à me dire.

Avec un enfant au troisième cycle, j’aime utiliser #Distavie junior. Encore une fois, il m’arrive de sélectionner certaines cartes du paquet avant ma rencontre selon ce que je souhaite aborder avec l’enfant. Ce que j’aime, c’est que je peux jouer autant en individuel avec un élève qu’en petit groupe, ce qui rend l’activité davantage enrichissante étant donné les échanges que ça crée. De son côté, l’élève est content de pouvoir inviter un ou deux amis à sa rencontre avec moi. Les enfants sont contents de pouvoir me poser des questions eux aussi, et je trouve que ça m’aide à créer un lien plus solide avec eux en leur donnant un peu plus accès à moi. Je n’hésite pas à poser des sous-questions au besoin pour pousser davantage les réflexions. Le jeu contient des cartes « poubelle » et « miroir », ce qui permet à l’élève de ne pas répondre à une question avec laquelle il n’est pas à l’aise.

En écrivant ce billet, j’ai en tête un élève qui, lorsqu’il entrait dans mon bureau, ne parlait que très peu, regardait partout sauf vers moi et s’agitait sur sa chaise. Si je lui posais une question, il ne répondait que par de petits mots très courts et je sentais beaucoup d’évitement. Quand j’ai sorti #Distavie junior, l’ambiance a automatiquement changé: nous avons eu de belles discussions et il prenait plaisir non seulement à me poser des questions, mais à s’intéresser à mes réponses. Je le voyais prendre le temps de réfléchir à ce qu’il me dirait à son tour et il arrivait à prendre position.

Le jeu est pour moi une manière d’observer, de comprendre la pensée de l’enfant et d’avoir accès à son monde affectif sans lui mettre une pression de performance. Ça devient un échange naturel entre lui et moi, un contexte riche d’observation qui me permet d’apprendre à connaitre le petit être que j’ai devant moi dans sa vraie nature. La relation se crée doucement et l’enfant peut m’apprivoiser à son rythme. Je favorise ainsi un climat de bienêtre et j’évite que l’enfant se sente vulnérable devant moi, ce qui est très important à mon avis pour développer la relation.

Il ne faut pas hésiter à adapter les jeux qu’on utilise en fonction de nos besoins. Je prépare toujours mes jeux et je me donne une intention que je me permets de garder flexible en fonction d’où l’enfant me mènera. Par exemple, je peux sélectionner certaines cartes que je souhaite exploiter, mais si l’enfant me tend une perche, je la prends et je me laisse guider par cette nouvelle direction.

Je terminerais en disant que le jeu n’a pas besoin d’avoir un objectif thérapeutique. Il peut simplement être un moyen d’interaction entre vous et le jeune. Le jeu, dans toutes ses formes, demeurera une condition gagnante pour permettre la connexion et la création du lien, des facteurs de protection importants pour favoriser le sain développement de l’enfant.

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