Alors que l’excitation et l’adaptation de la rentrée scolaire sont passées, il est déjà temps de se préparer à l’ascension de montagnes qui peuvent sembler insurmontables pour certains élèves: les examens! Puisque c’est lorsque le cerveau détecte une menace qu’il produit une réponse de stress, il est tout à fait normal que les examens en génèrent un lot important chez les élèves. En effet, les examens ont le pouvoir particulier de menacer l’égo. Comme les élèves font face à de plus en plus d’examens à l’école, il est naturel qu’ils manifestent de plus en plus de stress et d’anxiété. Voyons ce que cela implique.
Le stress nuit-il à la performance?
Pas nécessairement! Les études montrent qu’il existe une relation en forme de U inversé entre le niveau de stress et le niveau de performance. Cela signifie qu’un niveau de stress optimal (bien géré) permet d’améliorer la performance. Ces connaissances scientifiques sont utilisées depuis longtemps dans le domaine des sports de compétition, mais elles sont malheureusement trop peu appliquées lors de la préparation des élèves aux examens!
Fait intéressant, cette courbe illustre aussi qu’un niveau de stress trop bas mène à une performance sous-optimale. Pourquoi? Rappelons que le stress permet au cerveau de rester vigilant, concentré, et de fournir au corps l’énergie nécessaire pour combattre ou fuir la menace (ici: l’examen). Or, n’être absolument pas stressé devant un examen risque de priver l’élève de ces avantages et d’affecter sa performance. À ce sujet, il est à noter que le niveau de stress optimal pour performer varie d’une personne à une autre.
Cette relation entre le stress et la performance permet également de comprendre qu’être trop stressé face à un examen entraine aussi de piètres résultats. En effet, il est possible qu’en détectant la menace de l’examen, le cerveau génère une trop grande quantité d’hormones de stress dans le corps. Ces hormones se retrouvent en surplus et cherchent un endroit où aller. Elles remontent ainsi au cerveau et affectent les régions de celui-ci qui s’occupent de la mémoire. Il devient donc bien plus difficile de se souvenir de la matière étudiée…
Il n’en demeure pas moins que les élèves gagnent à se faire rappeler que le stress peut être leur meilleur ami lorsqu’ils arrivent à bien le gérer et à en vivre juste assez pour bien performer! Voilà qui peut sembler facile à dire, mais difficile à mettre en pratique. Pourtant, il existe une panoplie de trucs et de stratégies simples pour gérer son stress. Il faut simplement arrêter de chercher une stratégie universelle, car elle n’existe pas! Saviez-vous qu’une étude a même montré que le yoga peut augmenter le niveau de stress de certains élèves s’il est imposé à tous? En effet, exiger qu’un élève qui a beaucoup d’énergie fasse une séance de yoga où il doit rester dans la même position longtemps n’est probablement pas la solution idéale pour lui. De plus, il est possible que la respiration abdominale fonctionne très bien pour un élève le lundi, mais qu’elle ne soit plus efficace pour lui le lendemain. Par conséquent, il est beaucoup plus bénéfique de permettre aux élèves de se doter d’un coffre à outils bien rempli pour la gestion du stress. Plus les élèves ont d’outils dans leur coffre, plus ils seront en mesure d’utiliser la stratégie la mieux adaptée à la situation et à leur personnalité en temps et lieu!
Parmi les stratégies rapides que la science a identifiées comme étant efficaces, on trouve: faire des respirations profondes ou abdominales, bouger, rire, chanter, prier, faire du bien autour de soi, faire du yoga, méditer, crier, parler à un ami, etc. Il existe aussi des stratégies plus difficiles à maitriser, mais ayant de réels bienfaits à long terme: identifier les véritables sources du stress et trouver une solution pour diminuer l’impact de celles-ci. Par exemple, si un élève arrive à reconnaitre que l’examen est stressant puisqu’il menace son égo, il peut changer sa perception de celui-ci pour le voir comme un défi, ce qui permettra d’éliminer cette source de stress. En effet, pour le cerveau, un défi est bien moins menaçant qu’une montagne infranchissable. Vous pouvez en apprendre plus sur cette stratégie ici: https://www.stresshumain.ca/le-stress/dejouer-le-stress/gestion-du-stress-les-solutions-rapides/
L’anxiété nuit-elle à la performance?
Nous avons expliqué dans un billet précédent la différence entre le stress et l’anxiété. Une fois que l’on comprend cette différence, on saisit mieux que les examens génèrent de façon saine et adaptative un état d’anxiété chez la majorité des élèves. Celui-ci devrait passer une fois l’examen fait. Toutefois, certains élèves ont une personnalité plus anxieuse et ont tendance à vivre un niveau important d’anxiété bien avant chacun des examens et pendant ceux-ci. Souvent, leur anxiété se manifeste même lorsque les examens sont terminés. Le fait de repenser à leur performance et l’appréhension des résultats les maintiennent pendant un bon moment dans cette anxiété. C’est ce qu’on appelle communément l’anxiété de performance.
Concernant l’anxiété de performance, il est temps de briser un mythe! Ce ne sont pas uniquement les élèves très performants qui en souffrent. Peu importe leur niveau de réussite, les élèves vivant ce type d’anxiété tendent à vouloir éviter le sentiment inconfortable d’anxiété et les pensées qui l’accompagnent. Ils tenteront donc d’éviter toutes les occasions susceptibles de faire resurgir ce sentiment et ces pensées, par exemple, en omettant d’étudier et de se préparer à un examen ou de faire signer un devoir par leurs parents. À court terme, cela représente une bonne stratégie pour gérer leurs émotions. Cependant, à long terme, cela risque de nuire à leur performance et donc d’augmenter leur anxiété. Il est aussi possible que, de l’extérieur, ces élèves semblent nonchalants, voire paresseux. Ils peuvent donner l’impression de ne pas faire les efforts nécessaires et minimaux pour réussir, surtout s’ils ont une note du médecin pour manquer certains examens.
Que peut-on faire pour aider un élève aux prises avec l’anxiété de performance? Les études suggèrent de mettre en place des moyens qui permettront de diminuer les comportements d’évitement de l’élève. Il s’agit donc d’exposer celui-ci aux situations qui génèrent son sentiment d’anxiété de façon graduelle et en lui laissant un filet de sureté. Ainsi, à force d’être capable de surpasser ce sentiment et de vivre des succès, l’élève sera en mesure de relativiser ses pensées dramatiques. Une pratique facilitante serait aussi d’amener l’élève à reconnaitre ses réactions physiques d’anxiété et d’apprendre graduellement à les tolérer. Selon certains chercheurs, la plupart des enfants n’ont pas fait ces apprentissages lors de leur développement. En effet, la sensibilité de chacun varie quant à sa réponse physique d’anxiété. Il est normal et sain que le corps génère ces réactions, mais lorsqu’on ne le sait pas, on peut s’imaginer que celles-ci auront des conséquences négatives sur notre santé, comme avoir l’impression de devenir fou ou craindre que les autres nous jugent parce que nos mains tremblent. Ces pensées sont plus ancrées si, lorsqu’on était tout petit, les adultes autour avaient tendance à démoniser le stress et l’anxiété.
En bref, le stress et l’anxiété ont assurément un impact sur le parcours scolaire des élèves, comme ils ont assurément un impact sur toutes les autres sphères importantes de leurs vies. Or, s’ils se donnent le défi d’apprivoiser l’accélération de leurs battements de cœur en gravissant la montagne, ils arriveront bien plus vite au sommet!
Références
Gazzaniga, M., Heatherton, T. et Halpern, D. (2009). Psychological Science, 3e éd. New York, NY: W. W. Norton & Company.
Lupien, S. (2010). Par amour du stress. Montréal, Québec: Éditions au Carré.
Lupien, S. J., Maheu, F., Tu, M., Fiocco, A. et Schramek, T. E. (2007). The effects of stress and stress hormones on human cognition: implications for the field of brain and cognition. Brain and Cognition, 65(3), 209-237.
Sapolsky, R. M., Romero, L. M. et Munck, A. U. (2000) How do glucocorticoids influence stress responses? Integrating permissive, suppressive, stimulatory, and preparative actions. Endocrine Reviews, 21(1), 55-89.
Spielberger, C. D. (1979). Understanding stress and anxiety (The life cycle series). New York, NY: Harper and Row.
Wiedemann, K. (2001). Anxiety and anxiety disorders. Dans N. J. Smelser et P. B. Baltes (dir.), International Encyclopedia of the Social & Behavioral Sciences (p. 560-567). Oxford, UK: Pergamon. https://doi.org/10.1016/B0-08-043076-7/03760-8
Pour pousser plus loin:
• Une panoplie d’informations scientifiques vulgarisées sur le site web du Centre d’études sur le stress humain (CESH), le laboratoire de recherche de la Dre Sonia Lupien: https://www.stresshumain.ca
• Le Mammouth Magazine no 18 sur la thématique du stress et de l’anxiété (téléchargeable gratuitement): https://www.stresshumain.ca/wp-content/uploads/2018/09/Mammouth-magazine2018-FR-1.pdf
Droit d'auteur : arrowsmith2 / 123RF Banque d'images